Un rapport dévoile les avantages que la Grande-Bretagne pourrait tirer de l’intégration de ses ex-détenus dans le monde des affaires — une potentielle leçon pour la France.
Au lieu de se lamenter sur le taux élevé de chômage chez les personnes libérées de prison, la Grande Bretagne penche pour une solution pragmatique : donner au ex-détenus la chance de démarrer leur propre entreprise.
Un rapport du Centre for entrepreneurs, un think tank, suggère que le Royaume-Uni, dont la population carcérale a plus que doublé depuis les années 1990, transforme ses anciens prisonniers en chefs d’entreprise afin d’économiser jusqu’à 1,4 milliards de livres (1,83 milliards d’euros) chaque année.
Seulement 26 % des détenus britanniques trouvent un emploi
L’Angleterre et le Pays de Galles possèdent le record du taux d’incarcération de tous les pays d’Europe occidentale.
Et les statistiques montrent que le taux de récidive s’élève à 26 % et à près de 60 % pour les prisonniers condamnés à des peines légères.
Comme souvent, le système carcéral met l’accent sur la sécurité et la dissuasion à la place de la réadaptation et de l’éducation. Parce que de nombreux employeurs ne veulent pas embaucher des personnes ayant un casier judiciaire, seulement 26 % environ des détenus britanniques trouvent un emploi après leur libération. En l’absence de moyens pour subvenir à leurs besoins, ils replongent dans la criminalité… et retournent logiquement en prison.« Un système carcéral qui ne parvient pas à améliorer les chances de réinsertion est insoutenable » expliquent les auteurs dans leur rapport.
Aider les prisonniers à développer un business
Ils estiment que le Royaume-Uni dépense 5,88 millards d’euros par an pour tenter de réinsérer leurs anciens prisonniers. C’est un énorme gaspillage de talent humain : au lieu d’acquérir des compétences pour trouver un emploi ou créer une entreprise, les récidivistes génèrent des coûts supplémentaires supportés par l’ensemble de la société, explique le site Quartz. Des programmes qui aident les prisonniers à développer leurs idées de business et qui ont connu un certain succès existent, notamment en Allemagne et au Texas. Au Texas, leur programme se traduit, en trois ans, par un taux de récidive de 7 % alors que le taux national est de 60 %. Les détenus ont créé plus de 200 entreprises, certaines générant plus d’1 million de dollars de chiffre d’affaires par an.
32 % des détenus français récidivent dans l’année qui suit leur sortie de prison
En France, au 1er septembre 2015, la population carcérale se chiffrait à 65 544 détenus. Et selon une enquête du Ministère de la Justice, 32 % des sortants de prison sont de nouveau condamnés dans l’année qui suit leur sortie et 60 % le sont au bout de cinq ans. Plus un condamné est jeune, plus il aura de risques de récidiver et plus il le fera rapidement. Il est donc essentiel de casser ce cercle vicieux en proposant aux sortants de prison une activité professionnelle et en facilitant leur réinsertion. Mais il n’existe que peu d’expériences concrètes pour favoriser l’auto-entreprenariat lors de la sortie de prison.
11 000 entreprises pourraient être créées
Le rapport britannique estime qu’une formation accompagnée d’un tutorat permettrait aux 75 000 personnes qui sortent de prison chaque année de créer jusqu’à 11 000 nouvelles entreprises. Cependant, il reste un certain nombre d’obstacles à surmonter pour les ex-prisonniers : les problèmes de toxicomanie, le logement, la santé et le manque d’accès aux services bancaires. Mais, souligne le rapport, certains prisonniers — en particulier ceux qui ont été impliqués dans le crime organisé ou financier — possèdent certaines caractéristiques entrepreneuriales, qui pourraient les aider à sortir du cycle de la récidive.