Vingt-trois prisons vétustes fermées d’ici 2017

Article de Pauline Fréour paru sur LeFigaro.fr le 27 juillet 2010


Trop vétustes pour être rénovés, 23 établissements pénitentiaires des 191 que compte la France vont être définitivement fermés d’ici 2017. A la place, de nouvelles prisons seront construites, leur financement étant assuré par le plan de modernisation du parc pénitentiaire annoncé il y a un an.


«D’ici la fin de l’année 2017, environ 9000 places vétustes seront fermées et près de 14.000 places seront ouvertes», annonce un communiqué du ministère de la Justice diffusé lundi. «La France sera alors dotée de 68.000 places de prison, dont plus de la moitié auront été ouvertes après 1990».


Cette décision vise à «assurer des conditions dignes de détention, à mettre notre pays en conformité avec les règles pénitentiaires européennes et à garantir la mise en œuvre des prescriptions de la loi pénitentiaire» votée en 2009, poursuit le communiqué.


La France, souvent pointée du doigt pour l’état de décrépitude et la surpopulation de ses prisons, détient le triste record européen du nombre de suicides en milieu carcéral. Elle a, à ce titre, déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour «traitement inhumain et dégradant» envers un prisonnier, entre autres. L’Etat a également dû indemniser, à plusieurs reprises, d’anciens détenus ayant connu des conditions de détention non conformes aux textes en vigueur.


L’annonce des nouvelles constructions n’a toutefois pas reçu l’approbation des personnels de prison. Dans un communiqué, la CGT-Pénitentiaire a protesté contre ces fermetures qui s’ajoutent à 22 annoncées au printemps dernier. Le syndicat a dénoncé des «choix arbitraires, unilatéraux, sans aucune concertation avec les organisations syndicales», et déploré la «taille inhumaine» – 700 places maximum – des nouveaux établissements prévus. «La CGT Pénitentiaire revendique des établissements à taille humaine (200 places maximum) pour un réel travail pluridisciplinaire axé sur la réinsertion et la prévention de la récidive.»


La Chancellerie a assuré de son côté que «tous les agents en poste dans les établissements fermés pourront demander à être affectés dans les établissements alentour et verront leur demande de mutation traitée de façon prioritaire».


Mardi, La ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie a défendu son plan : établissements «à taille humaine» de 700 places au maximum, «fin du tout béton», qui ne «répond pas à la préoccupation de préparation à la réinsertion et à la sortie», rupture avec la «logique d’inactivité»: l’objectif annoncé par la ministre à travers ces mesures est la lutte contre la récidive, a-t-elle fait valoir.


Quant aux personnels pénitentiaires, je comprends qu’il soit difficile de devoir envisager un changement, un déménagement, c’est pourquoi l’annonce a été faite très en avance. Nous avons regardé les facilités de moyens de transports qui peuvent exister», a-t-elle ajouté, soulignant que les «conditions de vie» des personnels seront meilleures dans ces nouveaux établissements.


Sans aller jusqu’à la fermeture, d’autres établissements vont subir des aménagements. Trois établissements existants à Clairvaux, Poissy et Bar le Duc, pourraient être remis aux normes, à la condition d’un «investissement fort» des collectivités territoriales. Des réunions auront lieu en septembre avec tous les acteurs concernés.


Deux maisons d’arrêt, à Tarbes et Belfort, vont par ailleurs être transformées en «quartiers nouveau concept», avec des régimes de détention plus souples, visant à «préparer activement la sortie des condamnés en fin de peine».


Enfin, quatre établissements (Versailles, Château-Thierry, Laval et Vesoul) bénéficient d’un sursis de trois mois. Une nouvelle expertise sera alors effectuée pour confirmer qu’ils peuvent rester ouverts en l’état.

source : LeFigaro.fr
Partagez :