Article de Donald Walther paru sur LeMonde.fr le 03/08/2011
Face aux coupes budgétaires de l’Etat, les travailleurs sociaux se sont mobilisés en nombre, mardi 2 août. La grève était suivie dans trente départements, selon Maud Bigot, responsable de la Coordination nationale des professionnels de l’urgence sociale. A Paris, près de 300 personnes se sont réunies dans les rues, d’après Matthieu Angotti, directeur général de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars).
Le mouvement est inédit. « D’habitude, il est assez rare que les travailleurs sociaux, ceux qui travaillent sur le terrain, descendent dans la rue pour des revendications politiques », souligne Matthieu Angotti. La mobilisation témoigne d’un ras-le-bol général : « Les travailleurs saturent et sont surtout frustrés de ne plus pouvoir aider les personnes en difficultés. » Une étude de la Fnars rendue publique le 26 juillet montrait que le Samu social ne peut plus trouver d’hébergement à 65 % des personnes qui le sollicitent.
Cette mobilisation intervient après la démission, le 19 juillet, de Xavier Emmanuelli, fondateur du Samu social, qui dénonçait une situation budgétaire « plus gérable ». Matthieu Angotti critique surtout la politique « incohérente » de l’Etat. Pour lui, « Le logement d’abord », la proposition de Benoist Apparu consistant à fermer 4 500 lieux d’hébergement d’urgence pour les remplacer par autant de logements définitifs, « n’est pas adaptée » : « Il faut évidemment construire de nouveaux logements à moyen terme. Mais pour le court terme, l’urgent, la crise, les chambres d’hôtels doivent à tout prix rester ouvertes. »
De son côté, Benoist Apparu assure que les budgets finançant les places d’hébergement d’urgence ont « augmenté en l’espace de quatre ans ». « Sur l’Ile-de-France par exemple, entre 2007 et aujourd’hui, le budget [de l’ensemble des places d’hébergement que l’Etat finance]a augmenté de 65 %. Sur la France entière, le budget a augmenté de 30 % », a-t-il expliqué mardi sur RMC.
Ce que Matthieu Angotti reproche au ministère, c’est de ne « pas répondre à la crise ». Une crise qui, d’après lui, « touche davantage les plus démunis ». Pour résoudre la situation, « l’Etat doit comprendre qu’il faudra avant tout du temps, des logements et de l’accompagnement ».
Après la manifestation de mardi, Maud Bigot, organisatrice du mouvement, souhaitait s’entretenir avec le ministre du logement. Elle assure que Benoist Apparu « n’a pas voulu la recevoir ». Sa délégation s’est, dit-elle, « heurtée au mépris et au cynisme des conseillers du cabinet ». « Nous espérons rencontrer Nicolas Sarkozy dans la semaine », a-t-elle ajouté avant de conclure : « On ne lâchera pas. »