Les moyens, « je les donne ». Mercredi matin, au micro d’Europe 1, Jean-Marc Ayrault a annoncé la création de 1000 postes à partir de 2015 dans les services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP).
« J’ai demandé ça, c’est mon exigence, qu’on réduise le nombre de dossiers suivis par chaque conseiller à 40, contre 120 aujourd’hui », a soutenu le Premier ministre.
Jusqu’à maintenant, Christiane Taubira était restée évasive, se bornant à évoquer la création de 300 postes en 2014. Mercredi, à la sortie du conseil des ministres, lors de sa présentation de la réforme pénale devant la presse, la garde des Sceaux n’a pas caché sa satisfaction : « Un millier de postes, cela représente 30% du corps », s’est-elle enthousiasmée.
L’Union syndicale des magistrats (USM) a elle aussi salué le geste. « Un investissement essentiel, bravo. À confirmer rapidement, cela fait du monde à recruter et à former », pouvait-on lire sur Twitter. Des postes de conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP), de psychologue et de personnel administratif vont ainsi être créés. « Nous sommes dans un ratio de 1 personnel technique pour 6 CPIP », a précisé Christiane Taubira. Le ministère n’a cependant pas encore détaillé le calendrier.
Un texte très controversé
« Les effectifs et les moyens sont importants, mais ils ne sont pas la seule réponse pour lutter contre la récidive », a tempéré la ministre de la Justice. « Nous aurons dans quelque temps à répondre du taux de récidive, nous assumerons. (…) Je prends très au sérieux la responsabilité de l’État. Je le dis avec une petite pointe de vanité : je ne voudrais pas que mon nom soit associé à une réforme mal faite », a poursuivi Christiane Taubira.
Très controversé, puisqu’il mise sur le développement des peines alternatives à la prison, le projet de loi doit être présenté au Parlement le 8 avril prochain, après les municipales. L’ancienne ministre de la Justice Rachida Dati a d’ores et déjà mis en garde contre le « péril » d’une « explosion de notre socle républicain » et a dénoncé un « bras d’honneur fait aux victimes ». « Le gouvernement veut, par tous les moyens, éviter la prison aux voyous en créant une fausse peine : la peine hors prison. Affirmer que c’est un moyen d’éviter les sorties sèches et la récidive est un mensonge d’État alors que cette peine sera applicable à tous les délits passibles de cinq ans de prison », a-t-elle accusé.
Christiane Taubira, elle, ne semblait pas le moins du monde inquiète. Mercredi, en conférence de presse, elle s’est adressée aux journalistes : « Merci d’être venus à moi et rentrez bien chez vous… En toute sécurité ! »