Prisons : la Contrôleure générale favorable à l’utilisation des téléphones portables

Adeline Hazan a officiellement pris ses fonctions de Contrôleure générale des lieux de privation de liberté ce jeudi 17 juillet. Elle est revenue sur cette mesure qui, selon elle, permettrait de « prévenir les risques de récidive ».

La nouvelle Contrôleure générale des lieux de privation de liberté , Adeline Hazan, est officiellement entrée en fonction ce jeudi. A cette occasion, elle est revenue au micro de France Inter sur les grandes priorités qui entoureraient son mandat, d’une durée de six ans, et s’est notamment déclarée favorable à ce que les téléphones portables soient « utilisés » en détention, sous certaines conditions. Une position qui ne diffère pas de celle observée par son prédécesseur et premier à ce poste, Jean-Marie Delarue, mais qui rencontre l’opposition de plusieurs syndicats pénitentiaires. Dans un avis du 23 janvier 2011 , il était fait référence aux téléphones portables.

Adeline Hazan a estimé qu’il faudrait limiter leur usage à quelques numéros seulement, ajoutant que l’intérêt d’une telle mesure était le « maintien des liens familiaux » : « C’est cela qu’il faut avoir en ligne de mire », a-t-elle fait valoir. Selon elle, « faire en sorte que les détenus ne coupent pas les ponts avec leur environnement » est aussi un moyen de « préparer dans de meilleures conditions leur sortie, et de donc de prévenir les risques de récidive ». Interrogée sur les saisies massives de téléphones portables, notamment au centre pénitentiaire des Baumettes à Marseille (où quelque « 900 téléphones portables [sont]réquisitionnés chaque année », selon le chiffre évoqué par le journaliste Marc Fauvelle), Adeline Hazan y voit la preuve que « l’interdiction ne [servait]pas à grand-chose ».


Adeline Hazan : « la question des portables en… par franceinter

Les téléphones portables sont aujourd’hui interdits aux détenus, qui ont néanmoins accès à des téléphones fixes, souvent situés dans les coursives de leur établissement. Les conversations sur ces postes fixes sont susceptibles d’être écoutées par le personnel pénitentiaire, pour des raisons de sécurité. « L’utilisation des téléphones tout court est autorisée, avec beaucoup de surveillance et de sélection des numéros utilisés. La question des téléphones portables est une question qui est posée, donc je reprendrai ce débat avec un certain nombre de contrôles, de bémols », a insisté Adeline Hazan.

 

Qui est Adeline Hazan, la nouvelle Contrôleure des prisons ?

Proposée à ce poste par François Hollande, validée par le Parlement, Adeline Hazan, 58 ans, est magistrate de profession, diplômée de l’Ecole nationale de la magistrature en 1979 après une maîtrise de droit privé. Elle a été juge d’application des peines puis juge des enfants jusqu’en 1990.
Son entrée en politique ne date pas d’hier. En juin 1997, elle est nommée conseillère auprès de Martine Aubry chargée de la politique de la ville et de l’intégration jusqu’en 1999. Elle est ensuite élue députée européenne (1999-2008) puis maire socialiste de Reims (2008-2014), battue en mars dernier par le candidat UMP. Elle devra désormais se consacrer uniquement à ses nouvelles fonctions, en toute indépendance. « Evidemment, on fait une croix sur la politique et je vais démissionner aujourd’hui même de mes mandats de conseillère municipale, de conseillère d’agglomération de Reims [et]de mes fonctions de direction du Parti socialiste », a-t-elle indiqué.
Interrogée sur le poste de présidente du syndicat de la magistrature (entre 1686 et 1989), qu’elle a occupé lorsqu’elle était magistrate et « classé, comme on le sait depuis quelques semaines et les attaques de Nicolas Sarkozy, à gauche », a précisé Marc Fauvelle, Adeline Hazan s’est montrée très claire : « On peut absolument avoir été présidente du syndicat de la magistrature et être dans un état d’esprit de totale impartialité dès lors qu’on exerce les fonctions à la tête d’une autorité indépendante », ce qui est le cas du poste de Contrôleur général des lieux de privation de liberté. 
Son rôle n’est pas de faire baisser le nombre de détenus (actuellement de 68.000), en revanche elle a tout pouvoir « d’alerter sur la surpopulation ». « Il y a environ 10.000 détenus de plus que de places en prison, mon rôle sera de continuer […] de dénoncer cette surpopulation carcérale et faire en sorte […] que des mesures soient trouvées pour réduire le nombre détenus ».

 

SOPHIE RAHAL

source : Les Echos.fr
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