La population carcérale en France a atteint un nouveau record. Avec 65 699 détenus au 1er février 2012, elle enregistre une hausse de 6,4 % sur un an (61 771 au 1er février 2011), selon des chiffres officiels publiés vendredi 17 février par l’administration pénitentiaire. Le précédent record datait de décembre 2011 (65 262 détenus).
Resté sous la barre des soixante mille pendant les années 1990, et passé sous les cinquante mille en 2001, le nombre de détenus a augmenté depuis, parallèlement à l’importance prise dans la vie politique par le thème de l’insécurité.
>> Lire le post de blog du sociologue Laurent Mucchielli : « Qui est condamné à quoi en France ? »
La situation est considérée comme critique par les syndicats de personnels pénitentiaires et de magistrats, avec des entassements de détenus jugés particulièrement graves dans les maisons d’arrêt, en principe réservées aux personnes non jugées.
Les chiffres officiels de février, font état de seulement 57 213 places dans les prisons françaises, en dépit de plusieurs mises en service d’établissements neufs ces dernières années. Ce qui représente un taux d’occupation de 114,8 % (contre 113,2 % au 1er janvier). Par ailleurs, un quart des détenus sont en attente de jugement ou d’appel, soit 16 463.
GESTION DIFFICILE DE LA VIE CARCÉRALE
La surpopulation amène, selon les syndicats pénitentiaires, une gestion plus difficile de la vie carcérale, et notamment un taux de suicide record en Europe. Depuis plusieurs années, on recense une centaine de morts chaque année au moins, selon diverses sources indépendantes de l’administration.
Le nombre de personnes écrouées – dont 723 mineurs – progresse alors même que l’administration assure qu’elle développe les aménagements de peine, c’est-à-dire l’exécution de peines de prison ferme hors des murs. Au total, 11 314 personnes bénéficient de telles mesures, selon l’administration pénitentiaire. Les aménagements de peine ont progressé de près de 24 % en un an et de plus de 50 % en deux ans.
Dans le même temps, le gouvernement a augmenté les incarcérations en lançant en 2011 un programme pour ramener à exécution les dizaines de milliers de peines restées lettre morte pour diverses raisons. Cette mesure intervenait moins de deux ans après une décision inverse du même gouvernement permettant par la loi un aménagement de peine – sans incarcération – pour toutes les sanctions inférieures ou égales à deux ans ferme. Le seuil était auparavant d’un an ferme.
>> Lire « L’Assemblée vote la construction de plus de 20 000 places de prisons » et « la politique carcérale française est inefficace »