Michèle Alliot-Marie veut ouvrir le débat sur la castration physique

Article publié sur LeMonde.fr, le 22 octobre 2009


La question de la castration physique des délinquants sexuels se pose et « peut être débattue, y compris au Parlement », estime la ministre de la justice dans une interview à paraître samedi 24 octobre dans Le Figaro Magazine. Dans l’attente de ce débat, Michèle Alliot-Marie annonce par ailleurs que la loi sur la récidive qui sera soumise à l’Assemblée dans quelques jours prévoira d’ores et déjà le recours à un « traitement chimique ».


« Pour l’instant, la castration physique est interdite en France, mais elle existe ailleurs », rappelle la ministre. « Un sujet aussi délicat mérite une réflexion approfondie, une consultation des experts », fait-elle valoir dans cet entretien dont Le Figaro.fr publie quelques extraits. « C’est une question qui touche à l’éthique : un ministre ne saurait y répondre seul. »


La question de la castration physique a été soulevée lorsqu’un pédophile récidiviste, Francis Evrard, a écrit au président à quelques jours de son procès, fin octobre, pour lui demander le droit de subir « une ablation des testicules par chirurgie ». « Quand quelqu’un dit : ‘Je sais que je suis dangereux, je ne veux pas l’être et je demande à pouvoir être libéré de mes pulsions’, c’est quelque chose qui nous interpelle », estime Michèle Alliot-Marie.


La « castration chimique » devant le Parlement


Michèle Alliot-Marie ne précise pas si une telle disposition pourrait être introduite dans le projet de loi sur la récidive. Elle confirme en revanche que ce texte prévoira le recours à un traitement chimique agissant sur les hormones pour réduire les pulsions des délinquants sexuels à leur sortie de prison – un traitement réversible et subordonné à l’accord de l’intéressé. « Il faut que les auteurs d’atteintes sexuelles puissent être soumis, après la fin de l’exécution de leur peine, à une obligation de suivi médical, et notamment à un traitement médical de leur libido », déclare Mme Alliot-Marie.


Aujourd’hui, un tel traitement n’est possible qu’en prison pendant l’exécution de la peine. La future loi permettra de l’imposer après la sortie de prison. Un délinquant sexuel aura toujours la possibilité de refuser ce traitement mais ne pourra pas sortir de prison avant d’avoir exécuté l’intégralité de sa peine. « Après sa sortie, s’il ne se soumet pas aux mesures médicales qui sont imposées, il retournera en prison pour ne pas avoir respecté cette obligation », explique la ministre.


Le débat sur la castration chimique, à laquelle le chef de l’Etat a apporté son soutien dans une interview publiée vendredi par Le Figaro, a été relancé au début du mois par le viol et le meurtre d’une femme en forêt de Fontainebleau. La ministre refuse pour sa part de parler de « castration » à propos de cette mesure. « Il s’agit d’un traitement médicamenteux réversible. Il agit sur les hormones et réduit les pulsions. Ce traitement suppose que la personne donne son accord », estime-t-elle. Un médecin coordonnateur sera chargé d’informer la justice de toute interruption du traitement.

source : LeMonde.fr
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