Le contrôleur général des prisons dénonce l’oisiveté en détention

Article publié sur leMonde .fr le 10 mars 2010


Les activités en détention restent trop souvent réservées à des « favorisés », alors que la loi pénitentiaire de 2009 prévoit une « obligation d’activité » en prison, souligne le deuxième rapport annuel du contrôleur général des lieux de privation de liberté. Offre de travail « insuffisante » et touchée de plein fouet par la crise économique, listes d’attente pour les activités sportives… Une minorité de détenus ont accès à des activités, a constaté Jean-Marie Delarue, nommé en juin 2008 pour exercer un contrôle indépendant sur quelque 5 800 lieux d’enfermement (prisons, locaux de garde à vue, dépôts…). Ses services ont visité deux cent quinze établissements depuis l’origine, dont cent soixante-trois en 2009.


Dans un entretien au Parisien mercredi 10 mars, le contrôleur général, Jean-Marie Delarue, évoque ses rapports avec les chefs d’établissements pénitentiaires, lesquels sont « très réceptifs » à ses remarques, assure-t-il. « On a plus de mal avec le ministère de l’intérieur », regrette M. Delarue.


Concernant la formation en prison, le contrôleur fait un constat amer : « Qu’on arrête de nous bassiner avec ces détenus qui obtiennent un diplôme de l’enseignement supérieur en prison ! Ils sont une exception. »


Sur l’excès de sécurité en détention, M. Delarue explique que les surveillants « vivent dans la crainte d’une sanction en cas d’incident. Entre la dignité d’un détenu qu’ils vont côtoyer pendant quelques mois et leur responsabilité personnelle, ils ont vite fait de choisir », regrette le fonctionnaire.


La loi pénitentiaire de 2009 prévoit pourtant que « toute personne condamnée est tenue d’exercer au moins une des activités » proposées, dès lors que cette dernière a « pour finalité la réinsertion » et lui est adaptée. La réalisation de cet objectif « appelle beaucoup de transformations de la prison », écrit le rapport. Elle supposerait « la mise en œuvre de moyens nouveaux, d’effectifs supplémentaires », de laisser « davantage d’initiatives et de responsabilités aux détenus » et d’autoriser davantage leurs regroupements. « Faute de quoi, elle risque de conduire à beaucoup de faux-semblants et d’amener des condamnés à avoir des activités qui n’en sont pas ou qui ne sont d’aucune utilité pour leur retour à la vie sociale ».


« In fine, la seule activité répandue, c’est le sport. Et encore », explique M. Delarue dans un entretien au Parisien mercredi. Après le suicide de Jean-Pierre Treiber dans sa cellule, le 20 février, le secrétaire d’Etat à la justice, Jean-Marie Bockel, avait souligné l’importance de « lutter contre l’oisiveté » pour prévenir le suicide en prison, reconnaissant qu’il y avait des « progrès » à faire dans ce domaine.


En savoir plus :


Le rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté.

source : LeMonde.fr
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