« La réduction des crédits publics fragilise les associations »

Dominique Balmary, président de l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (UNIOPSS), qui fédère 25 000 établissements privés non lucratifs du secteur sanitaire et social, fait le point sur les réformes engagées un an après l’arrivée de la nouvelle majorité au pouvoir.

 

La Croix : Pendant la campagne présidentielle, l’Uniopss avait lancé une plate-forme pour interpeller les candidats sur les attentes des associations. Avez-vous le sentiment d’avoir été entendu par le nouveau gouvernement ?

 

Dominique Balmary : La qualité de la relation entre les associations et les pouvoirs publics s’est améliorée. Les organisations non-lucratives sont très souvent consultées. Le meilleur exemple de cette co-construction des politiques publiques a sans doute été la concertation sur le plan de lutte contre la pauvreté, qui contient pour nous des avancées importantes.

 

Même si le gouvernement n’a pas complètement répondu à nos vœux, le plafond d’accès à la Couverture maladie universelle complémentaire (CMUc) a été rehaussé, le RSA socle a été revalorisé. Parallèlement, un effort a été fait pour encadrer les loyers. Dans l’ensemble, nous estimons que l’urgence a été bien gérée, mais il manque une vision à moyen terme, à commencer par les objectifs de constructions de logements sociaux, qui n’ont pas fait l’objet d’une loi de programmation.

 

Comment s’annoncent les grandes réformes à venir ?

 

D.B. : Nous espérons beaucoup du projet de loi sur l’économie sociale et solidaire (ESS) présenté en conseil des ministres en juillet dernier. Introduire une définition légale à la subvention nous semble être une très bonne chose. Ces dernières années, les pouvoirs publics ont trop souvent eu recours aux appels à projet pour financer les associations.

 

Or, elles doivent garder une part d’expérimentation pour continuer à innover. En revanche, il nous semble que la philosophie du texte est trop axée sur la performance économique des associations et des entreprises solidaires, avec un accent mis sur le développement de l’emploi et du chiffre d’affaires dans ce secteur.

 

Mais il ne faut pas perdre de vue la finalité de l’ESS, qui est d’abord de rétablir du lien entre des personnes malades ou démunies avec le reste de la société. Par ailleurs, nous attendons toujours les discussions sur le projet de loi sur la dépendance, annoncé fin 2013, puis reporté à 2014. À notre sens, l’adaptation des territoires au vieillissement devrait être gérée par les régions, comme tout le développement social lié aux grandes évolutions démographiques.

 

Quelles autres avancées souhaiteriez-vous obtenir ?

 

D.B. : La réduction persistante des crédits publics fragilise considérablement les associations, de plus en plus souvent mises en concurrence. La compétition devient même déloyale lorsque les organisations de solidarité se retrouvent face à des acteurs du monde lucratif.

 

Cette situation porte surtout préjudice aux petites structures qui n’ont pas nécessairement les reins financiers assez solides pour répondre aux exigences administratives et remporter des contrats, alors que ces dernières contribuent largement au maintien de la cohésion sociale. Notre relation avec les pouvoirs publics gagnerait à être clarifiée avec une grille de tarifications claire et juste des missions confiées aux associations.

 

Propos recueillis par Jean-Baptiste François

source : LaCroix.com
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