« La justice au pas, on n’en veut pas », scandent avocats, magistrats et gardiens de prison

Article publié sur LeMonde.fr le 10 mars 2010


Des milliers de magistrats, avocats, gardiens de prison et autres personnels de justice ont manifesté, mardi 9 mars, à travers toute la France pour demander l’abandon d’un projet de réforme de la procédure pénale et réclamer davantage de moyens.


A l’appel d’une vingtaine d’organisations, le cortège parisien – 2 300 personnes selon la police, le double selon les organisateurs – a défilé du tribunal de Paris au ministère de la justice en scandant : « La justice au pas, on n’en veut pas. » Des manifestations de plus faible ampleur ont été organisées dans plusieurs villes de province, comme Marseille, Bordeaux, Toulon, Nantes,Toulouse et Lyon. Une mobilisation qui a perturbé le fonctionnement de certains tribunaux, provoquant des renvois d’audience.


Selon les syndicats, le malaise est plus fort que jamais dans les juridictions. Le projet de réforme de la procédure pénale, qui prévoit notamment la suppression du juge d’instruction, « apparaît comme une volonté du pouvoir politique de contrôler les affaires sensibles ou gênantes pour le gouvernement », affirment les organisations. « On veut des moyens, on fait des heures supplémentaires pas payées, on doit même parfois acheter nos stylos ! » s’indignaient des greffières défilant à Paris. « Surpopulation carcérale, fermetures d’établissements, manque d’effectifs, nous sommes là pour dénoncer tout ça », déclarait pour la CGT-Pénitentiaire un de ses délégués régionaux, Thierry Drouot.
Une délégation de représentants des manifestants a été reçue par le directeur de cabinet de la ministre, précise la Chancellerie dans un communiqué. « Il a été rappelé aux organisations syndicales que la modernisation de la justice, dans laquelle le garde des Sceaux s’est engagée, est, et continuera à être, menée en étroite concertation avec tous les acteurs de la justice, dans un esprit de transparence et d’écoute jamais égalé lors des réformes antérieures », ajoute le texte.


Concernant les moyens de la justice, le ministère rappelle qu' »après de longues années de stagnation, ceux-ci ne cessent d’augmenter ». Depuis 2002, dit-il, le budget du ministère « a augmenté de plus de 50 % », « le nombre de magistrats est passé de 7 344 à 8 510 », 20 établissements pénitentiaires et 7 225 postes « ont été créés dans l’administration pénitentiaire ».


Le Conseil de l’Europe, lui, classe la France au 35e rang sur 43 pour son effort financier en faveur de la justice.

source : LeMonde.fr
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