La future Cité Judiciaire de Paris s’élève déjà à 100 mètres

A 100 m de haut, au sommet de la tour de la future Cité Judiciaire de Paris (qui culminera au final à 160 m), porte de Clichy (XVIIe), les rafales de vent sont incessantes.

Casque orange obligatoire, lunettes et gants de protection, les cinquante hommes vêtus d’orange travaillent entourés d’une forêt de ferrailles plantée dans le sol.

La concentration est maximum. « Ici, on n’a pas le droit à la routine. Il faut assurer un contrôle de qualité en continue », indique Claude Thiebault, un gaillard de 56 ans et 35 ans de métier chez Bouygues. Secondé par une brigade d’adjoints, il est le chef de l’ensemble du chantier.

Le chantier est un nouveau repère dans l’ouest parisien

(Laurent Blossier) 

Les 100 m (soit le 28e étage) ont été franchis il y a tout juste une semaine. Et la montée du noyau central du bâtiment se poursuit sans cesse jusqu’à atteindre les 160 m (38 étages) en janvier prochain, selon le calendrier des opérations. La technique du coffrage glissant est étonnante. C’est une véritable petite usine à trois étages qui s’élève au fur et à mesure de la coulée du béton. Pendant que les premiers posent les ferrailles verticales, en dessous, les compagnons du coulage parcourent le plateau pour déplacer le tuyau qui crache ses 80 m3 de béton chaque jour. Encore en dessous, la troisième équipe assure les finitions. Ces cinquante hommes ont tous en tête le rythme à respecter. « La progression est de 20 cm par heure pour monter les murs d’un 1,80 m par jour » lancent Carl et Hadrien, les deux responsables du « village » en activité de 6 heures du matin à 21 heures.

Ce sera le futur hall d’accueil du Palais de justice

(E.L.M) 

C’est désormais le nouveau repère de l’ouest parisien, incontournable sur le périphérique tant l’étendue des travaux est impressionnante. « Nous sommes en train de réaliser le plus gros chantier de France et sans doute l’un des plus compliqué parce qu’il combine toutes les contraintes. Celles d’un immeuble de grande hauteur pour la tour qui abritera les 1 200 bureaux des magistrats ; les exigences d’un immeuble recevant du public pour le socle, avec sa salle des pas perdus et ses 92 salles d’audience. Et enfin les mesures de sécurité qui s’imposent pour le bastion, où seront placées les 200 cellules », explique Christophe Couvras, directeur des travaux pour Bouygues bâtiment Ile-de-France.

9 000 personnes, public et magistrats passeront ici chaque jour ici

(Bouygues Construction) 

Aujourd’hui, même sous l’Arc de Triomphe, les 450 ouvriers (ils seront 1 500 en avril 2016) et les onze grues qui tournent toute la journée sur l’ensemble du site, assurent l’édification d’un palais de justice ultramoderne qui sera achevé en juin 2017 et qui n’accueillera pas moins de 9 000 personnes, public et magistrats. « Si notre bâtiment doit permettre au citoyen d’appréhender la justice avec une certaine sérénité, ce sera parce qu’il est clair, léger, transparent, lumineux et ouvert sur la ville », promet Renzo Piano, l’architecte de renom, auteur de centre Pompidou (IVe). Il sera aussi l’un des plus sûrs, avec ses verrières capables de résister au souffle d’une détonation, ses 1 395 caméras (intérieures et extérieures), 1 400 contrôles d’accès et ses 700 détecteurs d’intrusion.

80 places de parking seulement

La future cité judiciaire regroupera les services du tribunal de grande instance (TGI) de Paris, ceux du tribunal de police ainsi que tous les tribunaux d’instance des arrondissements… Le ministère de la Justice a prévu le déménagement du palais de Justice, de l’île de la Cité à la porte de Clichy (XVIIe), à partir du deuxième trimestre 2017. Quelque 4 000 magistrats et auxiliaires de justice ainsi que 5 000 usagers le fréquenteront quotidiennement. Or, il n’y aura que… 80 places de parking, réservées aux hauts magistrats. « Il a fallu respecter la volonté de la Ville de Paris qui veut favoriser les transports en commun dans une logique de développement durable », indique Bouygues. Il faudra donc venir en transports en commun. La ligne 13 du métro y conduit. Il y aura en 2017 le tramway parisien. En revanche, la prolongation de la ligne 14, elle, a déjà deux ans de retard et n’ouvrira pas avant 2019.

E.L.M.

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