Article publié le 22/02/2011 sur lefigaro.fr
Mobiliser et coordonner plus fortement les rouages de l’aide aux victimes. Tel est le credo des organisateurs de la Journée européenne des victimes, qui se déroule mardi place du Trocadéro.
Une journée qui prend aujourd’hui une dimension particulière: alors qu’elle a été créée en Suède en 1989 et reprise en France par l’Inavem – l’Institut national d’aide aux victimes et de médiation -, c’est la première fois qu’une manifestation publique de cette ampleur est organisée. Une manifestation qui s’adresse à tout type de victime: des femmes ou des enfants victimes de violence, des accidentés de la route, des victimes d’infractions pénales, du vol à la tentative d’homicide, la palette est large. En 2009, l’Inavem a aidé 336.000 personnes, dont 240.000 victimes. En douze ans, ce sont plus de 3 millions de personnes qui ont été suivies.
Dès mardi matin, au programme de la manifestation parisienne, un village des associations, qui accueille près d’une trentaine d’associations œuvrant pour l’aide aux victimes. À côté, un village des enfants proposera toute la journée des ateliers animés par la police, la gendarmerie, l’Éducation nationale ou encore les pompiers autour de huit thèmes, de la prévention routière aux violences scolaires, en passant par les dangers d’Internet, la formation aux premiers secours ou les ravages des drogues.
Pour Marie-Ange Le Boulaire, initiatrice de cette journée, elle-même victime en 1994 du violeur en série Patrick Tremeau, «il faut coordonner l’aide aux victimes au niveau interministériel, des associations et des collectivités locales». Au moment où se met en place l’Office opérationnel de suivi des délinquants sexuels ou violents, elle réclame de son côté un Office opérationnel de suivi des femmes victimes de violences, citant le chiffre de 75.000 femmes violées chaque année, une sur cinq tentant de se suicider, alors qu’une femme sur huit est victime de violences conjugales.
Selon l’Inavem, créé en 1986 et qui fédère 150 associations d’aide aux victimes sur l’ensemble du territoire, la coordination sur le terrain a beaucoup évolué. «La coordination existe déjà sur le terrain, mais il est évident qu’il faut encore y travailler pour mieux resserrer les liens», renchérit Brigitte Girard, présidente de l’Association Paris Aide aux victimes, qui intervient tant au niveau judiciaire que psychologique. Le ministère de la Justice a créé pour sa part 33 bureaux d’aide aux victimes installés dans les palais de justice, l’objectif étant d’en ouvrir au total une cinquantaine. Depuis dix ans, un numéro d’aide aux victimes, le 08VICTIMES, aboutit à une plate-forme téléphonique qui écoute et oriente la personne qui appelle vers l’association d’aide aux victimes concernée. Des magistrats référents, ainsi que des fonds d’indemnisation ont été mis en place.
L’Inavem a ainsi tissé des partenariats tant avec le ministère de la Justice qu’avec ceux de l’Éducation nationale, de la Santé, de l’Intérieur, avec la police et la gendarmerie ou encore les collectivités locales comme les mairies. Par ailleurs, en septembre 2010, on a relancé le Conseil national d’aide aux victimes, émanation du ministère de la Justice, afin de le rendre plus opérationnel et on a modifié sa composition pour renforcer la représentation des associations de victimes et d’aide aux victimes. Pour sa part, l’Inavem milite pour une contribution additionnelle aux amendes pénales afin d’alimenter un fonds qui contribuerait au fonctionnement des associations d’aide aux victimes, comme cela existe au Canada.
Dernier sujet sur lequel planchent les associations: la reconnaissance de la victime. «Les victimes ont besoin d’être reconnues comme telles pour, un jour, ne plus se sentir victime précisément», résume Marie-Ange Le Boulaire, qui dit avoir mis huit ans à se reconstruire.