Claques, coups de poing… L’ex-compagne d’un homme battu se retrouve devant la justice

La justice se penche sur l’histoire d’un homme battu, isolé, humilié. Maxime Gaget, 37 ans, porte encore les stigmates de sa dernière relation sur son visage. Dix-sept mois d’enfer. Le procès de son ex-compagne s’ouvre jeudi à Paris. Il révèle un tabou encore tenace: les violences conjugales subies par des hommes.

Son ex-compagne, Zakia Medkour, 43 ans, sera jugée pour «violences, menaces et intimidations et escroqueries». Son avocate, Me Houria Si Ali, a fait valoir que sa cliente, «bipolaire», «n’était pas vraiment elle-même au moment des faits».

«J’ai eu l’arrière du cuir chevelu lacéré, le cartilage du nez détruit»

Le cauchemar commence le 31 décembre 2007. Le jeune informaticien provincial passe le réveillon chez sa compagne, Zakia, mère de famille algérienne au RMI, séparée et mère de deux enfants. Ce soir-là, elle lui adresse une salve de claques. «J’étais stupéfait par la violence et l’abondance des coups. J’ai décidé de passer l’éponge. C’était ma première grosse erreur», racontait-il à 20 Minutes en février.

Maxime s’accroche pourtant à celle qu’il a rencontrée sur Internet. La violence redouble d’intensité: coups de poing, de manche à balai, de presse-agrumes sur le corps, de tabouret, brûlures. «J’ai eu l’arrière du cuir chevelu lacéré, le cartilage du nez détruit, le lobe de l’oreille gauche complètement arraché, de multiples fractures», ajoute-t-il.

«Les victimes ont trop honte de porter plainte»

Il est hospitalisé deux fois, mais dit avoir été agressé dans la rue. Ses absences lui font perdre son travail. «J’étais mis en esclavage. Complètement seul. Mon bourreau m’avait pris mon téléphone, mes papiers, ma carte de crédit». Il ajoute. «J’étais psychologiquement verrouillé. Je ne me voyais pas sortir cette information par rapport au tabou que ça impliquait. J’aurais été pointé du doigt».

Environ 7.000 plaintes d’hommes victimes de violences conjugales sont comptabilisées chaque année, «mais on estime que seuls 2% des faits sont déclarés car les victimes ont trop honte de porter plainte», précise Sylvianne Spitzer, fondatrice de «SOS Hommes Battus».

Maxime est forcé de s’occuper des enfants et des tâches ménagères. Il est enfermé dans le studio ou un local extérieur, sauf pour faire les courses. Il dort dans l’entrée à même le sol, interdit de salle de bains et de toilettes. Lorsque sa compagne reçoit d’autres hommes, elle l’enferme dans un débarras.

«J’aimerais comprendre pourquoi elle est allée jusque-là»

C’est le propre frère de Zakia qui donnera l’alerte. Hospitalisé avec huit phalanges cassées, Maxime a subi des opérations de reconstruction du nez et d’une oreille et s’est vu délivrer 100 jours d’incapacité totale de travail (ITT). Quand son père le récupère, l’homme est brisé. «Il était méconnaissable avec son visage tuméfié et c’est au son de sa voix que j’ai su que c’était bien lui. Il était d’une maigreur effrayante, il n’y avait pas un centimètre de son corps sans trace de coups», raconte son père, Christian Gaget.

Maxime Gaget a osé raconter son calvaire dans un livre Ma compagne mon bourreau. Mais attend beaucoup du procès. «J’ai encore en moi cette colère sourde et noire contre mon adversaire. J’attends d’obtenir justice et réparation. J’aimerais comprendre pourquoi elle est allée jusque-là».

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