Meurtres et assassinats en net recul en France

Article de Christophe Cornevin paru sur LeFigaro.fr le  02/08/2010


On savait déjà que les crimes de sang ne paient guère. On apprend aujourd’hui qu’ils sont en chute libre dans les statistiques. C’est en tout cas ce qu’établit une note confidentielle de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), en date du 15 juillet dernier.


Tableaux et cartes à l’appui, ce document révèle que le nombre des meurtres et des assassinats – après avoir été stables pendant des décennies – ont chuté de 35,11% en France métropolitaine entre 2000 et 2009, passant de 1051 faits constatés à 682. Outre une plus grande difficulté à se procurer des armes à la différence des États-Unis, ce net repli peut aussi s’expliquer par les progrès de la police technique et scientifique. Grâce aux experts en blouses blanches, le taux d’élucidation du crime vient en effet de franchir la barre des 87%.


Les sections de recherches de gendarmerie et les brigades criminelles de la PJ n’ont plus à rougir face aux exploits de leurs distingués homologues de Scotland Yard. «Les homicides forment l’une des statistiques les plus fiables qui soit car aucun policier ni aucun gendarme ne songerait à faire passer un cadavre en main courante », prévient d’emblée un analyste qui insiste sur la fiabilité de l’étude. «Sur cette période, l’année 2002 connu la plus forte hausse (+6,88%) et 2009 la plus forte baisse (-18,71%)» précise la note qui remarque «qu’au sein des homicides, la baisse la plus importante concernant ceux effectués pour voler ou à l’occasion de vols (-44, 90%) ». Cette catégorie un peu particulière du crime, où la prédation crapuleuse est le seul mobile, a coûté la vie à 49 victimes en 2000, contre «seulement» 27 l’année dernière.


Phénomène curieux, les meurtres perpétrés lors de vols ont tendance à s’estomper dans les grandes villes mais restent une constante assez tenace dans les zones rurales ou péri urbaines. De fait, les unités de gendarmerie y ont enregistré une hausse de faits de 36,36 % sur leur ressort.


En outre, la DCPJ relève que «les règlements de comptes entre malfaiteurs enregistrés par la police nationale s’inscrivent en légère hausse (+3,33 %) entre 2009 et 2009 ». L’année dernière a été émaillée par la fin brutale d’une trentaine de voyous. Chez les gendarmes, les «flingages» sur fonds de règlement de comptes se font de plus en plus rares, passant de 40 à 18 assassinats dans les neuf dernières années.


L’étude de la DCPJ démontre que si l’on occis moins dans l’hexagone ces dix dernières années, les tentatives demeurent encore assez nombreuses. Passant de 1115 faits en 2000 à 948 faits en 2009, leur nombre diminue dans une moindre mesure (-14,98%) que les homicides réellement accomplis. «En fait, la volonté de passer à l’acte, qui est dans la nature humaine, est toujours aussi forte. Mais le risque de se faire confondre dans les jours ou les semaines suivantes est tellement fort que nombre de criminels en puissance ne suivent pas leur dessein jusqu’au bout», décrypte un policier qui précise «seul le crime passionnel, qui représente les deux tiers des affaires, ne pourra par essence jamais être endigué… ».


D’un point de vue géographique, dix départements ont été eux seuls été le théâtre de 40,18 % meurtres ou tentatives sur dix ont commis l’année dernière. Derrière les Bouches-du-Rhône qui arrivent en tête du sombre palmarès avec 103 faits, suivent de près Paris, la Seine-Saint-Denis, le Nord, le Val-de-Marne, l’Essonne, le Val-d’Oise, la Haute-Garonne, le Rhône et les Alpes-Maritimes. Avec 339 faits d’homicides constatés au premier semestre, contre 364 dans la même période de l’année précédente, 2010 devrait marquer un nouveau recul. Une tendance que les services spécialisés assimilent à un effondrements des règlement de comptes entre malfaiteurs. La DCPJ n’en a comptabilisé «que» 18 entre janvier et juin dernier.

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