«La prison doit retrouver sa place, être un lieu où la loi est respectée»

INTERVIEW – Jimmy Delliste est secrétaire général FO des directeurs de prison et directeur de la maison d’arrêt de Nanterre.

 

LE FIGARO. – Les personnels pénitentiaires font état d’une violence croissante en prison. Comment analysez-vous le phénomène?

Jimmy DELLISTE. – La population carcérale a muté et nous sommes face à des agressions qui n’existaient pas il y a quelques années. C’était dans ce contexte plus favorable que l’on avait introduit du personnel féminin, en estimant que cela permettrait une atténuation des conflits. Aujourd’hui, les surveillantes sont souvent en première ligne et subissent la violence de gens qui refusent toute forme d’institution et tous ceux qui la représentent. Ce n’est pas un hasard si l’on note par ailleurs une recrudescence des agressions de policiers et de pompiers. La société se radicalise partout, il faut en tenir compte.

 

Quelle devrait être la réponse?

 

Les délits ou crimes commis en prison devraient constituer des circonstances aggravantes pour les peines à purger. Notre petit arsenal se limite souvent au quartier disciplinaire ou à la réduction des remises de peine. Le traitement de ces affaires diffère aussi selon que l’on se trouve dans une petite ville de province, de grosses agglomérations ou la région parisienne. Dans ces deux derniers cas, la justice renonce souvent à poursuivre les détenus. La prison doit retrouver sa place, être un lieu où la loi est respectée, et apporter une réponse claire pour dissuader des violences, des rackets et des trafics.

 

Une réforme serait donc nécessaire?

 

Il est dommage que l’on se préoccupe de la lutte contre la récidive et la réitération avant et après la détention, mais pas pendant. Il serait bon de donner plus de moyens aux directeurs d’établissement sous le contrôle du juge. Pourquoi ne pas, par exemple, leur rattacher les services d’insertion et de probation qui travaillent en milieu fermé?

source : Lefigaro.fr
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