Fresnes, prison au bord de l’explosion

L’une des prisons les plus célèbres de France traverse une crise sans précédent. Violences, corruption, menaces, les surveillants sont en première ligne dans cette « ville » de 2 600 détenus.

C’est une prison sinistrée. Les traces noirâtres ne laissent aucun doute sur l’ampleur des récents incendies qui ont touché les abords de la deuxième plus grande prison de France, à Fresnes (Val-de-Marne). Elles ont marqué le sol de plusieurs parkings, mais aussi la façade de l’un de ces bâtiments en meulière où sont logés les surveillants, dans ces ruelles qui jouxtent ses murs d’enceinte, et constituent « le domaine pénitentiaire ».

A cinq reprises en cinq mois, la dernière fois le 17 septembre, les véhicules de ces mêmes surveillants ont brûlé. Depuis mai, 15 sont partis en fumée. Une série qui ne doit rien au hasard, l’enquête ayant rapidement démontré l’origine criminelle. Ces derniers mois, la tension au sein des trois divisions, qui hébergent 2 600 détenus pour 1 300 places, est allée crescendo. Conséquence d’une reprise en main de l’établissement par l’administration qui s’avère semée d’embûches. Agressions sur les surveillants en dehors de leurs heures de travail, affaires de corruption touchant tous les échelons : cette institution sortie de terre en 1898 traverse actuellement l’une des pires crises de son histoire.

En mai, 2018, un groupe d’une dizaine d’individus a incendié des véhicules devant la prison de Fresnes./DR

Les multiples intrusions au sein du domaine en sont la manifestation la plus criante. « Jusqu’à récemment, les grillages étaient troués. Ça rentrait de partout, comme une passoire », décrit Frédéric Godet, délégué syndical Ufap-Unsa. Les « parloirs sauvages » étaient monnaie courante, des proches de détenus venant converser avec eux à l’ombre des miradors. Une position idéale pour lancer des stupéfiants ou des téléphones portables par-dessus les murs — généralement l’œuvre de mineurs —, récupérés ensuite par des « mules » en promenade. « Ils savent qu’on ne peut pas les interpeller, reprend Frédéric Godet. On doit appeler la police, mais le temps qu’elle arrive, les gars sont partis… ».

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