«Dès le 23 février, je dévoilerai un ensemble de mesures qui s’inscrivent dans le plan national de prévention de la radicalisation», a déclaré le chef du gouvernement dans un discours sur la défense, la justice et la sécurité à Paris. Édouard Philippe à son tour s’empare d’un dossier délicat sur lequel les gouvernements précédents se sont cassé le nez.
Outre le ministère de l’Intérieur, ce plan doit notamment associer plusieurs ministères : Justice, Jeunesse, Éducation, Santé…
Le Premier ministre a par ailleurs confirmé la création «au printemps» d’un conseil scientifique en charge de la recherche sur les processus de radicalisation, qui sera piloté par l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ).
«Comprendre est un préalable indispensable à l’action», a-t-il dit, semblant répondre au propos polémique de l’ancien Premier ministre Manuel Valls jugeant qu’en matière de terrorisme, «expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser».
Emmanuel Macron avait annoncé en octobre la réunion de ce comité interministériel sur la radicalisation, destiné à combler les lacunes dans la politique de lutte et de prévention symbolisées par l’échec du centre de déradicalisation de Pontourny (Indre-et-Loire) fermé en 2017, après à peine un an d’expérience. L’un de ses pensionnaires avait même été pris alors qu’il tentait de rejoindre la Syrie lors d’une permission de sortie.
Testé depuis plus d’un an, un programme qui était resté secret, le programme Rive (Recherches intervention sur les violences extrémistes) semble donner de meilleurs résultats. On cherche à identifier les facteurs qui ont conduit les personnes vers la violence extrémiste, leurs motivations mais également les risques qu’elles présentent. Tous les aspects sont abordés : social, familial, religieux… au travers d’entretiens individuels ou de visite au domicile. Un suivi intensif qui durera le temps qu’il faudra. Le hic, c’est qu’il s’agit d’un dispositif lourd et compliqué, que l’on applique pour l’instant à une quinzaine de personnes, alors même que le besoin serait de cent fois plus.
Début 2018, sur près de 70 000 détenus en France, on comptait 500 personnes incarcérées pour des faits de terrorisme et environ 1 200 suivies pour radicalisation, très majoritairement des islamistes.
À ce jour, une centaine de terroristes ont été définitivement condamnés. On estime que 60 % d’entre eux seront sortis de prison en 2020.
Le nouveau plan d’action contre la radicalisation devrait multiplier les dispositifs d’évaluation, notamment en augmentant le nombre de quartiers d’évaluation et celui des établissements susceptibles d’accueillir des détenus violents ou prosélytes. Il repensera aussi les quartiers disciplinaires et d’isolement des détenus les plus dangereux et renforcera la prise en charge des détenus en fin de peine, notamment en milieu ouvert.
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