Soutenue par le tribunal et l’administration pénitentiaire, l’APCARS succède au SPES pour développer des passerelles entre la prison et la société.
Ce sont des acteurs peu visibles et pourtant indispensables dans cette justice de masse souvent coincée entre la complexité grandissante de ses rouages et l’exigence de personnalisation sinon d’humanisation de la réponse pénale.
Déjà présente à Paris, Bobigny, Créteil, Nanterre, l’Association de Politique Criminelle Appliquée et de Réinsertion Sociale (APCARS), créée en 1980 par le ministère de la justice, est devenue un nouvel acteur local et départemental. Par jugement du 20 janvier 2015, le TGI de Marseille a retenu son offre de reprise de l’essentiel des activités du Service Provençal d’Encouragement et de Soutien (SPES), sa « petite sœur » déficitaire qui s’est effondrée après 46 années d’activités et un désengagement de l’Etat. L’APCARS met en place un dispositif reconfiguré, n’ayant pu garder que 20 professionnels sur les 50 salariés en CDI du SPES.
Le centre d’hébergement et de réadaptation sociale (CHRS) du boulevard d’Athènes n’a pas été repris. Ses locaux seront vendus. Les 35 hébergés de ce foyer pour hommes ont été redéployés vers des hôtels sociaux. Ce sera désormais de l’« hébergement diffus » qui sera proposé aux anciens détenus, à ceux en aménagement de peine ou aux bénéficiaires d’une alternative à l’incarcération. Le foyer Claire-Joie de la rue Breteuil pour jeunes filles en difficultés a lui été repris par le Centre Jane Pannier. L’APCARS conserve ses « points d’accès au droit » en détention (3 000 prises en charge l’an dernier) et le volet RSA en partenariat avec le conseil général (450 personnes ont bénéficié du programme d’insertion l’an dernier). « Nous voulons développer des passerelles avec les entreprises, des portes de sorties vers l’emploi », souhaite Frédéric Lauféron, le directeur général de l’APCARS, présent la semaine dernière à Marseille pour mobiliser des financements.
L’APCARS reprend les activités socio-judiciaires au TGI de Marseille, en particulier les enquêtes sociales rapides destinées à éclairer les magistrats sur la situation des prévenus déférés en comparution immédiate. Elle continuera de réaliser des enquêtes de personnalité (le SPES en avait réalisé 30 en 2014) souvent demandées par les juges d’instruction dans les procédures criminelles.
L’APCARS intervient sur les suivis de contrôle judiciaire socio-éducatif (250 nouveaux en 2014). Elle réalise des stages de médiation pénale notamment sur les violences conjugales à la demande du parquet pour des alternatives à l’incarcération, des stages aussi de sensibilisation à l’usage des stupéfiants. « Nous ne sommes pas une association militante. Nous sommes une association très pragmatique et ancrée dans le partenariat judiciaire qui oeuvre pour que le lien entre la prison et la société fonctionne intelligemment avec un vrai projet de sortie et d’insertion, un suivi social individualisé. C’est ce qui compte dans la « désistance », la sortie du parcours de délinquance », explique Frédéric Lauféron qui songe aussi à l’expérimentation de « rencontres condamné-victime » dans le cadre de la justice dite « restaurative ».
David COQUILLE