« PAROLE A UN PARTENAIRE » : Pierre Blumberg, directeur général de l’association des Foyers Matter

En tant que directeur général de l’association  « Foyers Matter », pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre association, son histoire et ses missions ?

Les Foyers Matter est une association, reconnue d’utilité publique, qui est le résultat d’une fusion, en 1982, entre deux associations, d’origine protestante :
– « le foyer du jeune libéré », qui gérait plusieurs centres destinés à l’hébergement des sortants de prison dans Paris (dont le foyer d’Alésia).  Elle avait été crée en 1960 par le pasteur Ernest Ungerer, qui oeuvrait en tant qu’aumônier de prison, depuis qu’un détenu l’avait aidé à s’enfuir lors de sa déportation.
– « les œuvres Etienne Matter », qui s’occupaient de centres de protection de l’enfance dans la Drôme en faisant  du « placement à la ferme » dans des familles d’agriculteurs pour de jeunes délinquants.

Aujourd’hui les Foyers Matter se composent du foyer d’Alésia ainsi que deux maisons d’enfants à caractère social basées à Montélimar et Romans pour un total de 80 salariés dont la plupart travaille sur les sites de Montélimar et Romans. Afin de développer notre ancrage dans la région, nous avons comme projet de développer un nouvel établissement « pilote » à Lyon destiné aux sortants de prison en intégrant les problématiques de réinsertion professionnelle, de formation et d’accès aux soins pour proposer une approche d’accompagnement la plus globale possible.

Depuis quand le CHRS d’Alesia a t’il ouvert ses portes ? Quelles sont les particularités de ce CHRS?

Situé dans le 14ème arrondissement, le CHRS d’Alésia a ouvert ses portes il y a 47 ans, en 1967. Inauguré par Simone Veil, alors directrice de l’Administration Pénitentiaire, Alésia s’illustrait par le fait qu’il était l’un des premiers centres permettant l’hébergement des sortants de prisons en chambre individuelle.

Nous accueillons, dans ce centre des hommes seuls, généralement âgés de 18 ans à 30 ans, sortant de prison et/ou grande difficulté sociale. Avec une capacité d’accueil de 27 places, le centre propose 21 chambres individuelles ainsi qu’un service de suite par l’intermédiaire de 6 studios répartis dans Paris. Ouvert 24h / 24h, 365 jours par an, l’établissement se compose d’une équipe de 9 personnes dont 1 chef de service, 3 travailleurs sociaux, 3 surveillants de nuit et du personnel d’entretien.

Pourquoi avez-vous décidé de transférer l’activité du CHRS d’Alesia à l’APCARS ?

Les coupes budgétaires imposées aux associations ces dernières années, cumulées aux contraintes inhérentes d’Alésia (absence de mutualisation avec nos autres sites, puisque seul centre parisien, ouverture 24h/24, etc) impliquaient des coûts de fonctionnement qui devenaient trop conséquents. Pour ne pas mettre en danger les autres activités de notre association, une réflexion a été entreprise par le conseil d’administration des Foyers Matter pour trouver une alternative, permettant de faire perdurer cette activité d’accompagnement des sortants de prison ou personnes sous main de justice.

Ayant été directeur d’Alésia de 1985 à 1992, j’avais fait la connaissance de Jacques Bonneau alors directeur du Verlan. Nous nous étions perdus de vue pendant plusieurs années mais lorsque les Foyers Matter ont entamé une recherche de partenaires, il est rapidement apparu évident que l’APCARS était un candidat idéal. Une lettre d’intention a alors été signée en juin 2012 pour officialiser un partenariat entre nos deux associations dans la mesure où nous partagions déjà une même sensibilité, une bonne entente humaine et une éthique semblable. Toutes les conditions étaient donc réunies pour favoriser un rapprochement.

Quand les difficultés de gestion d’Alésia se sont amplifiées et que le constat d’un transfert d’activité s’est imposé, naturellement, nous nous sommes tournés vers l’APCARS pour lui proposer de reprendre cette activité, malgré les sollicitations généreuses que nous avions eues de promoteurs immobiliers, fortement intéressés à reprendre le bâtiment de par sa localisation intéressante. Cependant, il tenait à cœur aux membres du conseil d’administration de conserver l’activité en gardant l’équipe et les valeurs de l’établissement.

Or, lorsque nous échangions avec les équipes de l’APCARS, il était évident que nous nous comprenions instantanément car nous partagions un même esprit d’innovation et une même conceptualisation des choses. Par ailleurs, au-delà du partage de valeurs, nous étions particulièrement sensibles au fait que l’APCARS souhaitait faire évoluer le site avec de substantiels travaux de rénovation.

Pour officialiser cette reprise d’activité, une déclaration d’intention suivie d’un mandat de gestion ont été signés en Novembre 2014 pour permettre à l’APCARS de reprendre la gestion notre CHRS pour une année à compter du 1er janvier 2015.

Quelles sont vos impressions quant à l’avenir de ce transfert d’activité ?

Beaucoup de choses sont à mettre en place mais je suis extrêmement positif sur ce projet car les relations sont fluides entre nos deux structures. Cela démontre que les associations peuvent travailler et collaborer intelligemment ensemble : ce projet est un beau projet associatif qui se développe dans le respect de chacune de nos associations. Preuve de ce partage d’idéologie, nos deux conseils d’administration sont d’accord pour donner le nom d‘Ernest Ungerer au CHRS, une fois la rénovation achevée.

Il y a aura probablement des difficultés externes (au niveau de l’urbanisme par exemple) mais je suis confiant car la Direction Régionale et Interdépartementale de l’Hébergement et du Logement (DRIHL) soutient notre démarche. Concernant le transfert d’activité entre nos équipes, je ne vois aucun obstacle ni réserve. Certes il y a un questionnement de la part des salariés d’Alesia mais ils perçoivent clairement l’APCARS comme une ouverture sur une nouvelle expérience avec une belle complémentarité possible.

La reprise du CHRS Alésia sera également une opportunité de développer de nouvelles compétences pour votre association, dans la mesure où elle ne gérait pas jusqu’alors de CHRS collectif.

Les Foyers Matter sont donc heureux d’avoir trouvé un repreneur assurant la pérennité des valeurs du CHRS en maintenant son activité et son équipe car l’important c’est que le foyer continue son chemin, même si cela se fait au travers d’une autre association.

 

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