Article paru sur LeMonde.fr le 26 juillet 2011
Soixante-cinq pour cent des demandes de mise à l’abri faites le jour même par des populations vivant dans la rue, n’ont pas trouvé de solution en France hors Paris, essentiellement par manque de place, indique une étude réalisé en exclusivité pour le quotidien La Croix.
Cette étude a été réalisée le 20 juillet par la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars) sur un échantillon de 34 départements hors Paris. Cinq cent quatre-vingt-seize demandes d’hébergement auprès du 115 réalisées ce jour-là ont donné lieu à un hébergement sur 1 701 demandes et 1 105 n’ont pas donné lieu à un hébergement, soit 65 %.
Ce même jour, le 115 des différents départements ont traité 4 076 demandes d’hébergement d’urgence : 3 019 ont donné lieu à un hébergement et 1 105 ont été laissées sans solution, soit 27 %. Selon l’étude, si on « se penche particulièrement sur les enfants, on constate que la majorité des familles avec enfants sont laissées sans hébergement » et que « la principale raison invoquée pour expliquer les refus est le manque de places disponibles ». Au vu de la situation particulièrement tendue de l’hébergement en Ile-de-France et notamment à Paris, ces chiffres seraient encore plus alarmants s’ils prenaient en compte la capitale.
Emmanuelle Guyavarch, démographe et directrice de l’observatoire du Samu social de Paris, citée par La Croix estime que, « pour la première fois dans l’histoire du Samu social, le nombre de personnes en famille a dépassé celui des personnes isolées ». Selon l’enquête, ces ménages sont tous issus d’une immigration relativement récente et le 115 n’est pas préparé à accueillir une telle demande.
Le Samu social traverse une grave crise, symbolisée par la démission, la semaine dernière, de son président fondateur, Xavier Emanuelli. Les crédits dévolus à l’association ont été ramenés de 110 millions d’euros en 2010 à 90 millions cette année. Le financement de l’hébergement en hôtel a été amputé de 25 %, avec des conséquences immédiates pour les demandes d’hébergement d’urgence : 5 000 nuitées en moins en Ile-de-France chaque jour, dont 3 500 à Paris. Le Samu social a, par ailleurs, fermé le 30 juin son seul centre d’hébergement d’urgence parisien accueillant des femmes, le centre Yves-Garel (11e arrondissement), vétuste et délabré.