Cameron veut réformer le système pénitentiaire

Grande-Bretagne – Face à un taux de récidive très élevé, Londres souhaite assurer une meilleure réinsertion aux détenus.

Le gouvernement britannique entame une «réforme globale» du système pénitentiaire dont «l’échec est aujourd’hui scandaleux». Au cours du premier discours d’un chef de gouvernement sur ce thème en vingt ans, David Cameron a exposé son objectif ultime: réussir la réinsertion des prisonniers. Comme il l’explique, «ce n’est pas être indulgent avec le crime, c’est combattre le crime! Puisque 99% des prisonniers seront libérés un jour, il faut changer leurs perspectives pour que le taux de récidive s’améliore».

Les statistiques officielles marquent l’étendue du problème actuel. «46% des prisonniers récidivent dans l’année qui suit leur libération», affirme le responsable conservateur. En France, ce même taux s’élève à 32%, en Belgique à 33% et en Suisse à 36%. «Au cours d’une semaine typique, on recense 600 gestes d’automutilation, au moins un suicide et 350 attaques violentes, dont 90 contre le personnel.»

Pour atteindre son but, David Cameron appliquera des méthodes déjà testées dans l’éducation et la santé. Les responsables des prisons disposeront d’une totale autonomie en termes financiers, alors qu’ils dépendent aujourd’hui de leur administration. Ils décideront de la répartition de leurs budgets et du choix de leurs fournisseurs. Des entreprises privées et des associations caritatives mettront donc fin au monopole du service public. Pour les responsabiliser, les prisons du pays seront classées et le personnel des meilleurs établissements pénitentiaires sera récompensé.

L’enseignement tient une place centrale dans sa réforme. L’apprentissage de l’anglais et des mathématiques sera renforcé. «Plus de la moitié des prisonniers possèdent un niveau d’élève d’école primaire dans ces deux disciplines», assure le responsable politique. Parallèlement, des prisonniers seront formés par des entreprises qui les embaucheront à leur libération.

Une mesure risque de retenir l’attention des Britanniques: la possibilité de n’incarcérer les prisonniers en fin de peine que le week-end. «Avec les bracelets électroniques gérés par satellite, on connaît leur localisation exacte», assure David Cameron. «Leur permettre de travailler en dehors de la prison améliorera leur possibilité de réinsertion.»

Ces annonces n’ont pas convaincu Frances Crook, la directrice de la Howard League for Penal Reform, une association favorable à une moindre utilisation des prisons. «Les prisons sont aujourd’hui violentes et surpeuplées. Ces réformes ne fonctionneront donc pas tant que les gens seront entassés dans des institutions nauséabondes sans personnel pour ouvrir les cellules.»

Depuis la mise en place de sa politique d’austérité en 2010, David Cameron a réduit le budget du Ministère de la justice de 25% et le personnel carcéral de 26%. Et l’annonce de la destruction des prisons les plus vétustes et la construction de neuf prisons dont cinq d’ici à 2020 n’augmentera pas le nombre de postes. (TDG)

 

Retrouvez ici l’article de la Tribune de Genève

 

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