Des groupes de parole sur la laïcité à la prison

20/06/2016 05:38

Des groupes de parole, animés par un professeur de droit, ont été mis en place début juin à la maison d'arrêt de Blois. - Des groupes de parole, animés par un professeur de droit, ont été mis en place début juin à la maison d'arrêt de Blois. - (Photo archives NR)Des groupes de parole, animés par un professeur de droit, ont été mis en place début juin à la maison d'arrêt de Blois. - (Photo archives NR)

Des groupes de parole, animés par un professeur de droit, ont été mis en place début juin à la maison d’arrêt de Blois. – (Photo archives NR)

A l’initiative de la Ville de Blois, des temps d’échanges entre un universitaire et des détenus sur le thème de la laïcité sont organisés à la maison d’arrêt.

«  Désamorcer les tensions que la notion de laïcité suscite  »

« La laïcité est une question à laquelle notre majorité est très attachée, une question prise à bras-le-corps par la Ville », insiste Pierre Boisseau, adjoint au maire en charge, entre autres, du sujet. L’élu rappelle que la municipalité a mis en œuvre différentes actions sur cette thématique, comme la journée citoyenne ou des animations au musée de la Résistance. « La proposition de la Ville de Blois est précieuse : c’est reconnaître nos détenus comme les autres citoyens de la cité », souligne René Beltoise, le directeur du Spip.
La Ville a décidé de pousser la porte de la prison pour y faire pénétrer cette idée de « vivre ensemble républicain », selon les termes de Pierre Boisseau. « Il faut faire œuvre de pédagogie auprès d’un public qui serait susceptible d’être confronté au phénomène de radicalisation. Plutôt que de laisser faire, il faut être acteur en terme de prévention. »
Les détenus se retrouvent par groupe de six maximum. Ils discutent avec le professeur Rossetto. « Ils ont de l’intérêt pour la chose, mais il faut mener une action très interactive, être à l’écoute des personnes, répondre simplement aux questions. » Répondre simplement sur « une notion particulièrement difficile à appréhender » et « désamorcer les tensions que la notion de laïcité suscite. »
Les détenus participent sur la base du volontariat. Le nombre de personnes touchées apparaît donc limité. « On ne peut pas retomber dans une contrainte supplémentaire », insiste Yann Bourseguin, adjoint en charge de la tranquillité publique, de la sécurité et de la prévention de la délinquance. « On mise sur une certaine propagation. Si on peut semer les graines de la laïcité dans le milieu carcéral… » « On est face à un public qui peut avoir une vision faussée de la laïcité, qui peut voir ça comme une offensive contre la religion. On a fait ce choix de ne pas être dans la contrainte. On compte sur la diffusion d’un message », complète Pierre Boisseau.
Le premier rendez-vous organisé début juin n’a réuni que deux détenus. Les partenaires de cette action espèrent qu’ils seront plus nombreux lors de la prochaine session en juillet. Le directeur du Spip indique d’ailleurs que des démarches seront faites auprès des nouveaux détenus arrivant à la maison d’arrêt pour les inciter à participer à ces groupes de parole. La volonté de chacun est de pérenniser cette action, en instaurant un rendez-vous mensuel.

Florence Vergne
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